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Analyse d'un film en sophia-analyse
Date de publication : 10 Juin 2008
Frédérique Le Galo
Le travail sur un film est une tradition particulièrement riche et originale en Sophia-analyse. Ce travail se fait en groupe, d’où son appellation de travail choral. Mais la choralité ce n’est pas que cela …
Qu’est-ce donc qu’un travail choral sur un film et qu’apporte cette réflexion de si particulier ?
N’est-ce que le partage de simples idées et futurs souvenirs ? Les souvenirs de réflexions différentes, enrichissantes qui rendraient donc le film plus présent à notre mémoire, et aussi plus utile ? Les souvenirs de moments amicaux, agréables ou douloureux ?...
C’est tout cela mais pas seulement. Au-delà de l’analyse plus poussée qu’offre souvent un bon travail en groupe, il va y avoir cette réflexion essentielle par rapport à soi-même. L’essentiel est plus fort que l’important. L’essentiel est extraordinaire aussi dans le sens où il y a une transgression de nos limites, habitudes, négligences. Nous passons à un niveau supérieur de notre personne. Viser l’essentiel réclame des efforts, cela peut-être aussi violent.
Rappelez-vous Francesca, Meryl Streep, dans « Sur la route de Madison », lorsqu’elle renonce à suivre Clind Eastwood. L’essentiel est surprenant, surtout dans ce cas là, où Meryl Streep va préférer rester seule avec son paysan de mari, au lieu de suivre le beau photographe Clint Eastwood. «L’Essentiel » va être dans le fait de comprendre le sens de sa vie, de ne plus la subir, et de pouvoir transmettre son vécu, fièrement à ses enfants, ce qui leur permettra à eux de redémarrer une nouvelle vie.
Plus concrètement, comment se déroule l’analyse de film dans ce travail choral Sophia-analytique ?
A partir d’un thème, par exemple « La folie familiale », un film est choisi, par exemple « Shine ». Un groupe de travail, au cours d’un séminaire, visualise le film puis le film est suivi d’un débat, où chacun peut alors exprimer son ressenti. Le débat est canalisé par le thème du film.
Mais analyser un film, en Sophia-analyse, le penser, c’est identifier ou projeter, sur chaque personnage du film, un de nos traits émotionnels, ou encore de caractère. Il y a comme une immersion analytique de nous-même à travers l’œuvre cinématographique. Ce regard fait que même le plus détestable des personnages finit par nous être digne d’intérêt, voire sympathique, puisque pouvant représenter une partie de nous-même, avouée ou non avouée, voire désavouée… Nous devenons en quelque sorte tous les personnages du film ! Le film agit comme un véritable révélateur analytique, il n’est plus de l’ordre de l’évènementiel, du fugitif et de l’accessoire, il est là pour nous aider à nous habiter, à nous placer dans une plus grande réalité par rapport à ce qui fait sens, ou ce qui devrait faire sens, pour que notre vie soit plus pleine et constructive. Nous sommes bien dans l’Essentiel…
Toutefois, ce qui est en jeu reste bien de l’ordre de l’existentiel, dans le sens où l’évolution des débats se voit destiner à combattre les petits et grands mensonges, ainsi que toutes les duperies, qui limitent l’épanouissement de nos vies. Ces moments de réflexion nous donnent alors la possibilité de toucher à nos limites et souffrances non élaborées, mais, aussi, de peut-être faire émerger les richesses qui nous habitent et que l’on ne sait faire exister pleinement.
Au-delà du travail existentiel que chacun peut réaliser, des exposés sont proposés, lors de ces séminaires, suivis de débats, de façon à ce que les concepts du film soient aussi bien élaborés.
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